Municipales 2014 à Strasbourg

Mercedes-Benz Citaro G GNC, en essai sur la ligne G du BHNS CC BY-SA Claude Truong-Ngoc https://commons.wikimedia.org/wiki/File:BHNS_ligne_G_essais_et_formation_Strasbourg_14_novembre_2013_12.jpg
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A l’occasion des municipales 2014, l’association fait un bilan du mandat qui s’achève et présente ses propositions en matière d’urbanisme et de mobilité, pour la ville de demain.

Bilan

Depuis 2007, le réseau de tramway a considérablement grandi. La ligne F voit le jour en tant que préfiguration urbaine du tram-train vers Molsheim.

Ce fut l’occasion de remanier le réseau, entrainant l’arrivée d’une troisième ligne forte à la Gare centrale, la ligne C, permettant de délester en partie les lignes A et D.

Pour autant, le tram-train longtemps annoncé n’est toujours pas en service, du moins dans sa seconde phase avec interconnexion et matériel spécifique.

Le coût du tunnel sous la gare permettant de relier le réseau urbain au réseau ferroviaire est important et les collectivités se rejettent la faute, reportant le projet aux calendes grecques.

La première phase ayant fait ses preuves, la seconde phase n’est plus d’aucune utilité, il est donc inutile que cette seconde phase ne voit le jour.

De nombreux projets d’extensions ont été entamé durant ce mandat.

L’extension des lignes A et D au Nord se révèle utile, mais on notera tout de même que le report sine die de la branche vers le Zénith est regrettable. Malgré la mise en place d’un cheminement piéton depuis le terminus du tramway, une extension en voie unique aurait pu être bénéfique pour l’attractivité du lieu – sans pour autant être indispensable.

L’extension de la ligne D vers Kehl est à la fois symbolique et utile. Il est toutefois regrettable de voir que la date d’inauguration reporté sans explication. Initialement planifiée pour 2014 jusqu’au Port du Rhin et 2015 jusqu’à Kehl, il n’est désormais plus question d’une quelconque mise en service avant 2016 voire 2017.

L’extension du tramway vers Illkirch telle qu’elle a été convenu ne bénéficie pas d’un tracé adapté et bien qu’utile à la population ne desservira qu’une petite partie de la population.

La première ligne BHNS est un succès, bien qu’elle ne dispose pas d’un site propre intégral. Le quartier d’affaires E3 dispose dorénavant d’une desserte attractive.

Le mandat aura aussi été marqué par le surprenant projet de tramway sur pneus pour desservir Koenigshoffen ainsi que Vendenheim et ses abords. Projet finalement abandonné au profit d’un tramway classique. Si l’association salue ce retour à la raison, il est dommage de voir que Koenigshoffen voit sa desserte par un mode lourd à nouveau reporté.

En terme d’urbanisme, le mandat a été marqué par une myriade de projets, dont finalement très peu auront vu le jour.

L’écoquartier du Danube a d’abord brillé par son ambition avant de briller par son retard.  Aucun bâtiment n’est encore entamé pour un projet qui se voulait novateur au niveau national.

Le projet de parc au Heyritz en cours de chantier est à saluer par son utilisation de la flore existante et une utilisation importante de l’eau aux abords du parc. L’urbanisation du lieu est – elle aussi à saluer, bien que sa réalisation ait été un peu chaotique et que l’architecture des bâtiments ne fasse clairement pas l’unanimité.

Le secteur Malraux fut au coeur de toutes les discussions. Si “Les Docks” sont en cours d’achèvement, la Maison Universitaire Internationale entame à peine sa mue. La fameuse tour signal a disparu au profit de trois tours bien plus modestes et donc moins ambitieuses, encore une fois, les dates d’inauguration sont assez vagues, on en vient à douter de la réalisation même du projet, pourtant nécessaire.

Quant à l’aménagement urbain du secteur, il a commencé début 2014 mais n’est pas particulièrement ambitieux. Une plus grande utilisation de l’eau aurait été souhaitable pour donner un cachet certain au secteur.

La nouvelle dépose touristique de la place de l’Etoile est à saluer, l’esthétique du pavillon d’accueil est un autre sujet mais l’ensemble permet d’accueillir les touristes par autocar de manière convenable mais aussi de permettre aux lignes internationales d’autocars de déposer leurs passagers au plus près de la ville.

Propositions

Le réseau de tramway strasbourgeois touche désormais à sa fin.

La ville de Kehl souhaite étendre la ligne D jusqu’au centre de la ville, ce qui ne peut être que bénéfique pour l’Eurodistrict. Pour autant, cela doit rester une limite, la ligne D n’ayant pas vocation à poursuivre sa course au delà.

La ligne E doit achever sa course afin de desservir le coeur de la Robertsau et non pas seulement effleurer son entrée.

La priorité absolue du prochain mandat doit être la nouvelle ligne de tramway desservant Koenigshoffen, seul important quartier de Strasbourg encore non desservie par un mode de transport lourd et attractif.

En parallèle, il est indispensable de débuter la construction de voies de rocade, permettant au tramway d’éviter le noeud de l’Homme de Fer, qui s’approche de la saturation. Figurant dans le schéma des transports 2025, il est nécessaire de construire ces voies afin de permettre un meilleur fonctionnement du réseau en hyper-centre, et augmenter la vitesse commerciale du réseau pour le rendre plus attractif.

Avec l’Eurométropole, il est désormais plus facile d’envisager l’utilisation de l’étoile ferroviaire de Strasbourg pour délester le réseau de tramway et bus de Strasbourg. Bien qu’inaugurée il y a une dizaine d’années, la halte ferroviaire de Krimmeri-Meinau montre l’exemple en permettant de délester la gare centrale de quelques TER, tout en desservant deux importants quartiers de Strasbourg.

Pour la suite, avec le développement futur du quartier du Port du Rhin, la halte ferroviaire planifiée au coeur de ce quartier devra voir le jour, bien que proche de la gare de Kehl. Une halte ferroviaire au niveau du triage de Hausbergen pourrait permettre une desserte renforcée de l’Espace Européen de l’Entreprise, qui bénéficie depuis peu du BHNS.  On peut aussi imaginer une halte à Elsau et ailleurs.

Le projet de “tramway-Fret” mérite des études complémentaires. Vu le maillage tram de l’hyper-centre et la volonté de rendre la presqu’ïle aux modes doux, ce mode de transport permettrait de supprimer (ou du moins réduire) la présence des camions de livraison au coeur de la ville. L’expérience a d’ores et déjà été mené à petite échelle par quelques agglomérations (notamment Paris ou Zurich).

Le précédent mandat n’a vu la commande d’aucune rame de tramway supplémentaire malgré les extensions importantes. Avec les projets d’ores et déjà lancé et la future nouvelle ligne, il est indispensable de commander des rames complémentaires. Cela serait aussi l’occasion de tester le projet de tramway-Fret cité ci-dessus en réutilisant des rames courtes de première génération.

Le succès de la première ligne BHNS de Strasbourg montre la voie pour d’autres projets, cette fois-ci en rocade de Strasbourg, permettant d’éviter le coeur de la ville et ainsi les temps de parcours trop longs conduisant à préférer le véhicule particulier aux transports en commun.

Quant au réseau de bus classique, il est indispensable de le revoir en profondeur. Sans investissements importants, il est possible de donner un regain d’attractivité à ce réseau dont les usagers n’espèrent plus grand chose. L’exemple simple des lignes 14 et 24 suffit à illustrer la situation : une double ligne qui doublonne en grande partie le tramway. Certaines lignes pourtant essentielles à certains quartiers ne voient plus de bus après 21h. Le réseau classique permet l’interaction entre les différents quartiers et à ce titre, mérite d’être traité comme un point important de la politique des transports.

En ce qui concerne la vie nocturne, le réseau nocturne a subi un important bon en avant il y a quelques mois avec le passage d’une à trois lignes de nuit. L’association salue cette nouveauté demandée depuis des années. Il ne s’agit pas de s’arrêter en si bon chemin. Ce n’est pour autant qu’un début. Une quatrième ligne est à envisager pour desservir des communes et quartiers encore oubliés. La fréquence des lignes existantes doit être renforcé : le passage à une fréquence d’une demi-heure semble raisonnable tout en étant très attractif. En parallèle, il n’est pas idiot d’envisager le report de la fin de service du réseau tramway à 1 heure du matin.

En matière d’urbanisme, il est important de mener à bien l’urbanisation du secteur Deux-Rives entamée durant le mandat précédent. Cela permet de densifier la ville et ainsi de lutter contre l’étalement urbain, tout en contribuant à l’essor de la capitale régionale.

Le quartier d’affaires du Wacken-Europe n’a lui aussi que trop tardé. L’association ne remet pas en cause sa pertinence, ni celui du nouveau parc des expositions dont la rénovation devenait urgente. Il aurait toutefois été préférable de privilégier le projet de quartier d’affaires dans la Gare Basse de Strasbourg, permettant l’ouverture à 360° de la gare, et une proximité directe avec le réseau ferroviaire ainsi que l’aéroport grâce à la navette TER. A long terme, les deux quartiers sont voué cohabiter.

A ses côtés, le projet du nouveau Parc des Expositions allié au Parc de  la Musique et des Congrès est nécéssaire bien que décrié sur son emplacement. Il semble préferable de maintenir ce projet dans le secteur du Wacken, même si des solutions complémentaires doivent être étudiés pour empêcher un potentiel engorgement du secteur.

La rénovation complète des bains municipaux devient urgente, notamment dans le cadre du plan piscines. De même l’avenir de la manufacture de tabac est encore à éclaircir.

La seconde phase de la LGV Est-Européenne pour 2016 est un point important à retenir dans le cadre de tous ces projets urbains. Le trajet pour relier la capitale passera ainsi sous la barre symbolique des 2 heures, augmentant ainsi l’attractivité de Strasbourg à l’échelle nationale, mais aussi mondiale avec l’accès relativement aisé aux aéroports internationaux de Paris.

Outre le parc du Heyritz, l’avenir du parc de l’Etoile est aussi à méditer. C’est l’occasion de faire de ce lieu un endroit agréable pour les strasbourgeois avec la proximité des services municipaux, de la dépose autocars et du secteur Malraux. Le tout pour une enveloppe raisonnable puisque les espaces verts sont déjà présents, il s’agit essentiellement de les réaménager et de les rendre plus agréable et convivial. Il avait été envisagé une allée avec des statues de personnalités importantes – à l’image de celle de Gandhi déjà présente et délaissée, cette idée ne semble pas dénuée de sens.

A long terme, avec le développement des lignes internationales d’autocar, il n’est pas idiot d’envisager l’agrandissement de la dépose actuelle ou de reporter ce trafic sur la gare routière. Cette dernière – bien que ne dépendant pas uniquement de la municipalité, mérite elle aussi d’être prise en considération. L’actuelle gare est enclavée, petite et indigne d’accueillir des passagers d’un réseau départemental en plein essor.

L’association se prononce en faveur du développement des fameuses “autoroutes à vélo” ainsi que pour la magistrale piétonne du coeur du Neudorf jusqu’à la Gare. Ces deux points permettent de donner une attractivité certaine aux modes de transports doux, pour un coût raisonnable.

Toujours en matière de vélo, l’avenir de Vélhop semble prometteur avec une clientèle abondante en boutique. Si l’association doutait du bien-fondé du système proposé à ces débuts, le succès fut pourtant bien présent. Toutefois, c’est bien différent pour les stations automatiques qui sont loin d’être prises d’assaut. Il est important de réfléchir à leur avenir. Si l’implantation d’une station automatique est relativement peu couteuse, il ne s’agit pas pour autant d’en implanter pour que les vélos rouillent sur place. Or, quand on regarde le remplissage des stations en temps réel, il semble judicieux de poser la question de leur intérêt et de leur futur.

Après la destruction du petit port de plaisance dans le cadre du parc du Heyritz, il est important pour la ville d’envisager la construction d’un port de plaisance digne de ce nom. Starlette et ses environs semble se prêter parfaitement à ce type d’installation.

A une échelle plus importante et à proximité immédiate, le projet d’implantation d’une importante gare fluviale au niveau du môle Citadelle est à ne pas négliger et permettra d’accueillir les touristes dans des conditions plus dignes qu’actuellement.