Route de Brumath : un tramway à voie unique ?
Nous vous conseillons de le lire en gardant son âge à l'esprit.
Le contexte de l'article peut ne plus être le même à présent.
Après la réponse de Lohr Industrie dans les Dernières Nouvelles d’Alsace en date du 5 mars 2011 à notre tribune, l’association TC-Alsace souhaite préciser certaines de ses positions concernant la mise en place d’un moyen de transport collectif plus performant sur l’axe Strasbourg – Vendenheim (route de Brumath).
Tout d’abord, concernant la question de la largeur de la plateforme. L’association préconise la mise en place d’un tramway à voie unique avec évitements en station. Ainsi, il sera toujours possible d’utiliser le système de tramway fer existant sur le réseau et la largeur de plateforme demandée est bien inférieure à celle du reste du réseau (puisqu’une seule voie sur la majeure partie du trajet). Nous invitons les personnes qui pensent ce type d’aménagement impossible à regarder ce qui se fait dans un rayon de 200 kilomètres autour de Strasbourg (en Allemagne essentiellement), ou encore, à Montpellier.
Une voie unique est tout à fait compatible avec une forte fréquence. Par ailleurs, de par l’aménagement intérieur et le gabarit du Translohr, on constate que la capacité en voyageur est bien inférieure à un tramway fer. Un tramway fer à voie unique sur ce tronçon permettrait de disposer d’une offre supérieure à celle du Translohr (en termes de fréquence, débit, capacité, etc…). Mais nos élus locaux semblent réticents à ce type d’aménagement, qui permettrait pourtant d’arrêter de faire du « tramway plaqué or », chose que dénonçait il y a encore un an, M. Ries.
Concernant le système du Translohr en lui-même, l’association souhaite mettre en avant des coûts sur le long terme que Lohr Industrie n’évoque pas. Il n’existe aucun produit de substitution au système qui appartient entièrement à l’entreprise alsacienne, le client n’a donc aucun pouvoir sur les prix puisque la concurrence est nulle.
La santé fragile de Lohr industrie déstabilise la production même du Translohr. En choisissant ce mode de transport, Strasbourg instaure une dépendance technologique auprès de Lohr.
En outre, le coût d’exploitation est à prendre en compte aussi. Et ici, une récente analyse du Commissariat Général des Ponts et Chaussées atteste que le coût de maintenance au véhicule-km du tramway sur pneus est 60% plus cher que le tramway sur fer.
Enfin, il est à noter que si Lohr Industrie a réussi à imposer son produit en Ile-de-France, elle n’a pas réussi à convaincre le président de la RATP, qui a adressé une lettre au président du syndicat des transports d’Île-de-France en février 2010. Il mettait l’accent entre autres sur les carences de fiabilité du matériel pressenti, la fameuse absence de concurrence sur une technologie propriétaire (engendrant ainsi des coûts de maintenance élevés), le surcoût élevé du matériel roulant du fait du peu de débouchés du marché et enfin, la fragilité de l’entreprise, dont le Translohr reste extrêmement marginal par rapport aux tramways classiques. L’association est d’ailleurs curieuse de voir le fameux système de croisement Translohr/Tramway fer !
Malgré les réticences de la RATP, les mises en garde de certains organismes nationaux et contre toute logique économique, les élus parisiens ont confirmé le choix du Translohr pour deux des lignes de tramway parisiennes. Notre municipalité fera-t-elle la même erreur, en laissant aux générations futures le soin de l’effacer ? Entre vitrine technologique d’une entreprise locale et logique économique sur le long terme, la ville semble avoir d’ores et déjà fait son choix, sans pour autant tenir compte de l’avis de ses citoyens, ce qui s’insérerait parfaitement dans la logique de démocratie participative.
Après avoir exposé la possibilité d’un tramway à voie unique, compatible avec le réseau de tramway strasbourgeois, nous aimerions savoir qu’est-ce qui pourrait pousser la Communauté Urbaine de Strasbourg à installer un système propriétaire totalement incompatible avec l’existant ?
À l’heure où l’on prône le maillage du réseau, ce choix est, pour nous, une aberration.
Pour réagir aux propos de la municipalité concernant la tentation de soutenir une entreprise locale, l’association souhaite appuyer le fait que les dernières rames du réseau strasbourgeois ont été fabriquées à Reichshoffen par Alstom. Il semble pourtant que ce soit une entreprise locale ? En comparant les coûts des dernières rames avec les prix des Translohr vendus en Ile-de-France ou à Clermont-Ferrand, on constate d’ailleurs qu’il serait bien moins cher de soutenir cette autre entreprise locale…
Contacts presse :
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