Et le parc de l’Étoile ?

parc de l'étoile en 2013 © Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons
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On en parlait encore début 2011. La place de l’Étoile devait avoir un nouveau destin en parallèle du gros chantier du Heyritz. La municipalité semble depuis avoir abandonné ce projet. Pourtant, comparativement au chamboulement que subissent actuellement nombre de places de Strasbourg, celle de l’Étoile aurait pu devenir attrayante à moindre coût.

© Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons
© Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons

Vous vous souvenez de l’époque où la place de l’Étoile était un immense parking ? Peu de gens regrettent cette époque, la place de l’étoile n’était alors qu’un lieu de passage où la voiture était reine et où piétons et cyclistes n’aimaient guère s’aventurer. Pourtant, en 2003, la municipalité décide de remplacer le parking relais tram par un parc avec arbres et verdure à foison. Gros bouleversement en vue avec à quelques mètres de là, le chantier de la Cité de la musique et de la danse, et celui de Rivetoile dans le prolongement.

La place de l’Étoile devient alors le parc de l’Étoile avec un réaménagement de près d’un million d’euros et un total de plus de 2000 arbres. Rapidement, des reproches fusent au sujet du nombre d’arbres, mais la municipalité explique alors que la plupart d’entre eux seront transplantés notamment le long des extensions du tram de 2006. Mais suite à des recours juridiques, le chantier du tram prend près de 2 ans de retard, et les arbres resteront finalement sur la place.

Par la suite, la dépose car est installé au sud de la place, dans une configuration provisoire sans revêtement de sol ou espace d’accueil pour les touristes (sauf durant le marché de Noël). Mais là aussi, des critiques surgissent rapidement : l’aire est mal équipée, éloignée du centre-ville (contrairement à l’ancienne installation de la place d’Austerlitz)… Le retour de la gauche en 2008 amorce un nouveau changement. L’aire est déplacée au Nord, entre la station du tramway et la cité de la musique et de la danse, avec un aménagement soigné, des quais solides, des abribus et un éclairage adéquat. Cependant, toujours pas de bâtiment d’accueil et d’informations. Avec beaucoup de retards, le pavillon d’accueil est inauguré en avril 2012 et accueille un point d’information de l’office du tourisme et des toilettes, le tout dans un bâtiment entièrement en bois mais revêtu de parois miroirs d’un goût assez douteux.

Photo de eastleighbusman CC BY-ND 2.0
Autocar iDBUS à Londres eastleighbusman CC BY-ND 2.0

Dans le même temps, Eurolines déplace son arrêt strasbourgeois de Couffignal à la dépose autocar flambant neuve. Fini l’arrêt perdu sur les bords d’une zone industrielle ! La plupart de ces cars de ligne y passent au milieu de la nuit, ils ne dérangent donc pas les flux de cars touristiques, mais lorsqu’ils arriveront, ils ne verront que des rideaux fermés devant le pavillon d’accueil. On est encore bien loin d’une vraie gare routière, avec de la restauration, des guichets, des quais numérotés et des panneaux d’affichage des prochains départs, mais puisque pour le moment seule Eurolines dessert la capitale alsacienne, c’est bien suffisant. Ce sera un point à aborder lors de l’arrivée (plus proche qu’on ne le pense) de nouvelles lignes régulières nationales et européennes, notamment avec les compagnies iDBUS (groupe SNCF) qui s’étend peu à peu en France et Megabus (groupe Stagecoach) qui ne cache pas son désir de conquérir la France.

La municipalité prévoyait encore d’autres projets pour ce parc, notamment la suppression du barreau central et le redressement de la rue de Vienne. Ces deux points ont été réalisés, donnant ainsi un parc d’un seul tenant et libérant de la place pour un éventuel projet immobilier le long du cimetière.

Une statue de Gandhi, offerte par l’Inde, est arrivé en 2012. On a alors évoqué d’autres statues ; Jean Sturm, Albert Schweitzer… afin de donner une identité et une attractivité propre à ce nouveau parc, qu’on devait dans le même temps remodeler. Finalement, trois ans après la suppression du barreau central, du côté de la municipalité, le projet n’est « plus à l’ordre du jour« .  Avec le nouveau tracé de la route de Vienne, on peut se poser la question de l’utilité de la route entre le tramway et le parc. Un conseiller municipal a récemment évoqué que que les lignes 14/24 avaient vocation à s’arrêter au niveau du parc de l’étoile, il serait donc intéressant d’étudier la suppression de cette route, en reportant le terminus des lignes actuelles sur la dépose touristique par exemple. Il resterait toutefois à réaménager la sortie de cette aire, forçant les autocars à emprunter cette route pour accéder à l’autoroute.

La situation est évidemment moins urgente que ne l’était celle de la place d’Austerlitz, avec un aménagement routier inadapté à toute autre utilisation. Mais avec l’urbanisation du Heyritz et les chantiers lancés le long d’Étoile Polygone qui s’achèveront en partie cette année, il est temps d’anticiper et de voir ce qu’on peut faire de ce lieu. L’essentiel de la végétation est là, il faut simplement espacer un peu les arbres pour qu’ils puissent respirer et s’étendre – sous réserve que cela soit possible.

Puisque le réaménagement a été reporté à des jours meilleurs, voyons un peu plus grand. Outre le projet d’installations de nouvelles statues, qui on l’espère, se réalisera, pourquoi pas une place de jeux pour enfants, en profitant des collines pour implanter un toboggan, comme au parc Schulmeister,  une fontaine (installation manquant cruellement à Strasbourg), peut-être quelques mini-commerces : un kiosque à journaux et un stand de nourriture par exemple. Bref, des installations permettant aux habitants de s’approprier le lieu, de s’y promener… Si on aménage un cheminement piéton attrayant, ce parc pourrait être dans la continuité de celui du Heyritz laissant entrevoir des joggings bucoliques.

Pour regarder vers un autre horizon, Strasbourg est entourée d’eau mais n’en profite pas véritablement. Au nord du parc, l’eau est bien présente. Avec la suppression du petit port du Heyritz, peut-être qu’il serait intéressant d’aménager les berges le long du centre administratif jusqu’à la cité de la musique et de la danse pour permettre aux plaisanciers d’y accoster temporairement, ils bénéficieraient ainsi de la proximité du pavillon d’accueil, d’un centre commercial et d’une station de tram. Cela laisserait le côté Nord des berges aux pêcheurs, promeneurs et chiens en vadrouille, tandis que le côté Sud serait réservé aux bateaux de plaisance.  Puisqu’il a été décidé que les autocars de tourisme arrivent à cet endroit, autant capter ces derniers directement : pourquoi pas des départs de Batorama et du mini-tram (sachant que ce dernier passe par ce secteur pour se rendre au dépôt) depuis le parc de l’étoile et ses abords ?

Enfin, on oublie trop souvent que la place de la bourse est intiment liée au parc de l’étoile, malgré la coupure routière du quai Fustel de Coulanges. Cette place est un des derniers bastions de la voiture du cœur de Strasbourg, son réaménagement doit être cohérent avec le parc de l’étoile et ne doit pas le doublonner.

L’urbanisation de l’axe Deux Rives est utile mais peut être étouffante si on n’aménage pas correctement les réserves de verdure. Le parc de l’étoile est une opportunité à ne pas manquer. Le lieu est encore peu connu et les arbres encore jeunes… Le règne de la voiture laisse apparaître un passé peu glorieux, mais son avenir peut être brillant. En somme, son histoire reste à écrire.

Image à la une : Panorama du parc de l’étoile en 2013 © Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons