Le fameux projet de Transport en Site Propre de l’Ouest strasbourgeois

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Ce fameux projet, dont on ne voit pourtant toujours pas les roues. Et pourtant, la première phase (puisqu’évidemment, il s’agit d’un projet phasé!) est prévue pour 2014.

Souvenez-vous, en 2001, ce projet était lancé en grande pompe. Mais il était alors bien différent. On nous mettait en avant le tramway sur pneus , le fameux Translohr de l’entreprise alsacienne Lohr. Le budget prévisionnel était de 260 millions d’euros pour aménager près de 25 kilomètres de voies pour ce transport atypique. Aujourd’hui, le Translohr circule à Clermont-Ferrand ainsi qu’à Padoue en Italie, et prochainement à Paris. Mais rien en Alsace, ce qui serait une vitrine pour le constructeur local.

En 2008, ce projet a en effet été remplacé par un projet de Bus à Haut Niveau de Service interurbain. Un projet moins couteux, les 260 millions étant plus difficiles à trouver que prévu. Pour autant, ne nous plaignons pas du changement de projet. Le translohr rencontre beaucoup de difficultés, il y a déjà eut des accidents très graves dus uniquement à son système de guidage. Il ne circule pas comme les vrais tramways sur deux rails, il circule sur pneus, comme un bus, et est guidé par un rail central. En plus, des nombreux accidents et des soucis de fiabilité, cette technologie est propriétaire. Ce qui signifie que le jour où Lohr décidera de ne plus commercialiser son produit, toutes les villes qui en sont équipés n’auront aucune alternative si ce n’est raser entièrement les infrastructures existantes pour y installer un BHNS ou vrai tramway. Ce qui, au final, nécessiterait des sommes astronomiques.Lohr a pourtant crié au scandale lorsque son matériel a été abandonné pour ce projet, brandissant des arguments pour le moins étranges : des coûts d’aménagements supérieurs pour le BHNS par exemple…

Ne nous attardons plus sur cet ancien projet et voyons plutôt ce qui nous attend.

Un BHNS interurbain!

Ce nouveau projet de « car express »  doit donc desservir Wasselonne, en longeant l’ancienne RN4. Le projet a beaucoup traîné, mais à présent, l’enquête publique est proche, puisqu’elle est attendue pour le printemps 2011.Toutefois, le projet est phasé, puisque 15 kilomètres vont voir le jour en 2014, et par la suite, une seconde phase en 2016.

Un projet en deux phases

La première phase traite la partie Wasselonne – Ittenheim, de 15 kilomètres pour un montant de 40 millions d’euros. Il faut savoir que le projet total est de l’ordre de 170 millions d’euros. Et là, on voit tout de suite que le projet part en se tirant une balle dans le pied. Pendant près de 2 ans, le TSPO circulera en site propre uniquement sur cette portion. Pourquoi? Tout simplement parce que cette partie appartient au département (sous le nom de RD 1004), tandis que la partie État (encore RN 4) ne sera aménagée qu’en 2016.

Ce phasage a suscité beaucoup d’incompréhension lors des réunions de concertation publique, un représentant de l’État était présent, précisant qu’il faisait de son possible pour que l’écart entre les deux phases soit moindre. Heureusement que les deux partenaires sont du même bord politique, sinon on peut penser que la seconde phase serait encore plus tardive…

Les aménagements

Le site propre se fera en latéral ou central selon le cas (traversée de villages ou ligne droite en rase campagne), et les carrefours seront aménagés avec des feux tricolores donnant la priorité aux cars express.

Une dizaine de stations sont prévues, avec des aménagements similaires à une station de tram : temps d’attente, abribus, quais à hauteur de plancher du car, etc. En parallèle, des parkings à vélo et parkings relais sont prévus en abord de certaines stations, voire des services de covoiturage. Mais peu de détails pour le moment (probablement parce que le conseil général ne sait  pas exactement ce qu’il en est).

Les chiffres

Le projet est chiffré à près de 170 millions d’euros (y compris le matériel roulant). Lorsque la totalité du trajet sera aménagée, les usagers pourront compter un trajet Wasselonne – Strasbourg en 30 minutes. Une fréquence de 10 minutes est prévue en heures de pointes (30 minutes en heures creuses) pour un service s’étalant de 6h à 22h.

12 000 voyageurs par jour sont attendus et une espérance de report modal fort . Les transports interurbains sur cet axe n’ont que 8%  de part aujourd’hui, et le conseil général espère – avec ce projet – atteindre 18% pour 2020.

Le terminus au sein de Strasbourg, c’est tranché

Lors de la concertation, le conseil général a proposé deux grandes options : Étoile bourse ou bien Les Halles.

La grande majorité des participants s’est exprimé en fonction du terminus aux Halles. Il faut savoir qu’actuellement, les cars du Réseau 67 de ce secteur effectuent leur terminus à la gare routière des Halles. Les usagers ne veulent pas voir leurs habitudes bouleversés.

Dans les deux cas, la question de l’insertion du terminus se posait. Pour la place de l’Étoile, elle va prochainement être bouleversé et aucune place n’avait été prévu pour ce projet. Et pour notre grand gagnant, les Halles, la place manque… le terminus ne sera probablement pas flamboyant. Mais au fond, on lui demande surtout d’être pratique et efficace. On attend donc de voir ce que le conseil général arrivera à aménager.

Le matériel envisagé

Rien n’est arrêté à ce sujet, le conseil général n’a pas encore lancé d’appels d’offres. Dans son dernier document d’information sur le projet,celui-ci laisse toutes les portes ouvertes, et même les plus surprenantes : car interurbain standard, ou un bus standard à aménagement spécifique (plus de sièges vu le trajet). Pareil pour la longueur : 12 mètres, 15 mètres (3 essieux) ou encore articulé 18 mètres? Et les fameuses propositions surprenantes : des bi-articulés (24 mètres!!) ou des cars à deux étages!

On peut tout de même penser que les deux dernières options seront rapidement éliminés : les deux étages nécessiteraient des travaux en cas de croisement avec un pont, et ne pourraient emprunter des tunnels. Quant aux 24 mètres, vu la fréquentation attendue, le coût et la manœuvrabilité de l’engin, c’est peu probable.

Les alternatives éventuelles

Lors des concertations publiques, de nombreux habitants avaient proposé la réhabilitation d’une ancienne ligne de chemin de fer. Sous l’époque du chemin de fer d’Alsace Lorraine, une ligne existait effectivement, mais elle n’allait pas en ligne droite, elle desservait Wasselonne via Molsheim. L’avantage serait un gain de temps (Molsheim – Strasbourg s’effectue en 15 à 20 minutes) et une arrivée à la gare de Strasbourg même. Mais cela ne désengorgerait pas forcément l’axe qu’empruntera le TSPO. Puisque cette axe dessert de nombreux villages sur le chemin, qui ne seraient pas desservi pas le fer.

Une autre solution proposée par quelques habitants serait la création ex nihilo d’une ligne de chemin de fer, seule solution selon eux pour un véritable transport efficace et écologique. Malheureusement, plusieurs problèmes se posent :

  • le coût : bien que ce soit une ligne à voie unique avec évitements et sur ballast, les coûts de création, du matériel et d’exploitation ne sont pas les mêmes.
  • la compétence : le conseil général n’est actuellement pas compétent en transport ferroviaire. Ce qui signifierait que la région devrait participer voire gérer ce projet. Bien qu’ils soient du même bord politique, ça reste fortement improbable…
  • la date de mise en service : il faudrait faire des études, acheter les emprises, effectuer une nouvelle concertation, etc. On se retrouve en 2020!

L’idée n’est pas mauvaise en soit, le chemin de fer est un moyen efficace. Mais il n’est pas forcément adapté à l’enjeu que représente le TSPO.

L’avenir

Et oui, puisqu’après 2014 (enfin 2016), le projet pourrait voir des branches – et non pas des ailes – lui pousser.  Sur son site internet, le CG 67 indique:

http://www.bas-rhin.fr/se-deplacer/grands-projets-projet-tspo-un-bus-express-entre-wasselonne-et-strasbourg

Une branche du TSPO pour la desserte du secteur de Truchtersheim

En 2011, des études de besoins de dessertes TC dans le Nord Kochersberg seront lancées et réalisées : la desserte actuelle de la ligne 220 vers Truchtersheim emprunte la RD 41.

Un diagnostic des besoins de déplacements vers le secteur de Truchtersheim sera prochainement réalisé afin d’étudier la faisabilité d’une branche du TSPO pour desservir ce secteur qui génère également de nombreux déplacements pendulaires vers Strasbourg.

On verra donc ce que l’avenir réserve à ce projet, qui n’a que trop tardé.