Oui à des pôles de vie nocturne – DNA
Nous vous conseillons de le lire en gardant son âge à l'esprit.
Le contexte de l'article peut ne plus être le même à présent.
Publié le 3 juillet 2012 dans le journal Dernières Nouvelles d’Alsace
Le Plan local d’urbanisme communautaire est actuellement débattu (*). Le point de vue de l’association TC Alsace (**) qui souhaite repenser différemment « notre ville sur le plan de l’urbanisme et des déplacements pour ne plus seulement y intégrer nos besoins diurnes, mais aussi nos habitudes nocturnes ».
« La question de la vie nocturne strasbourgeoise resurgit régulièrement dans les divers débats publics. Constamment, deux mondes semblent s’affronter sans aucune possibilité de réconciliation. On retrouve souvent d’un côté des riverains du centre-ville et de la Krutenau en quête de tranquillité vespérale et de l’autre des groupes de citadins en quête d’animations nocturnes.
Ces derniers jours, nous avons pu consulter des témoignages d’habitants de différents secteurs « vivants » de la ville recueillis par l’association Stra. CE dans le cadre de leur participation à la commission tranquillité urbaine dirigée par la municipalité.
Ces témoignages laissent l’image d’une ville propre où il fait bon vivre en journée mais où, dès la nuit tombée, nos rues se transforment à l’image des rives du Styx.
Depuis bien des années, Strasbourg se bat pour conserver son statut de capitale européenne. Mais comment pouvons-nous garder l’image d’une capitale, si nous ne nous en donnons pas les moyens ? Connaissez-vous beaucoup de grandes métropoles dont la majeure partie du centre-ville ferme à la suite des douze coups de minuit ?
Tâchons de garder à l’esprit que l’attractivité, l’influence et la réputation d’une agglomération passe aussi par son animation et sa vie culturelle nocturne.
Toutefois, des aménagements existent pour permettre d’améliorer les interactions entre les usagers de la vie nocturne et les riverains de l’agglomération. À l’aube de la refonte de notre Plan Local d’Urbanisme communautaire, il s’agit de repenser différemment notre ville sur le plan de l’urbanisme et des déplacements pour ne plus seulement y intégrer nos besoins diurnes mais aussi nos habitudes nocturnes.
Au niveau de l’urbanisme, il est nécessaire de créer des pôles de vie nocturne où se concentrent l’ensemble des bars et restaurants possédant des autorisations d’ouverture tardive.
En effet, nous remarquons que par sa « charte de la nuit » et les différentes actions de sensibilisation associées, la municipalité a réussi à réduire les nuisances aux portes des bars. Celles-ci sont aujourd’hui essentiellement associées au transit des noctambules dans la ville.
Le groupement de bars et restaurants nocturnes au sein de pôles géographiques ne devrait donc pas poser de nouveaux problèmes de nuisance. Il ne s’agit d’ailleurs pas de créer de nouvelles zones d’animation dans l’agglomération mais plutôt d’en affirmer trois ou quatre existantes pour éviter l’éparpillement de bars dans toute la ville, comme par exemple les secteurs Saint-Etienne, Place des Tripiers, Place d’Austerlitz et Bateliers/Zurich. Deux pôles à développer de zéro pourraient être envisagés : les secteurs Malraux et Wacken-Europe (proximité du centre d’affaires et bonne accessibilité avec le tramway).
L’intérêt de cette solution est double : d’une part on canalise la vie nocturne et ses possibles débordements dans des secteurs bien définis facilement contrôlables et d’autre part on permet aux noctambules de rester au cœur de notre agglomération, favorisant ainsi leur sécurité (trajets en voiture évités, accès aux soins facilités, etc.).
Un réseau de bus nocturnes efficace et étendu
Concernant la problématique des nuisances nocturnes liées aux déambulations de nos noctambules, la création des pôles de vie nocturne apporte une solution locale insuffisante à elle seule. Pour que cette politique soit réellement efficace, la municipalité doit procéder au développement d’un vrai réseau nocturne de transport collectif. Nous ne parlons pas ici d’un réseau complet de lignes de bus dans l’agglomération à l’image de ce qui peut se faire la nuit de la Saint-Sylvestre, mais simplement d’une à trois lignes qui permettent de desservir l’ensemble des quartiers de l’agglomération en traversant à chaque fois les trois ou quatre pôles de vie nocturne. Avec trois lignes ayant chacune un bus par heure, nous pouvons envisager une fréquence d’un bus toutes les vingt minutes entre les pôles de vie nocturne, favorisant ainsi la canalisation des déplacements dans des véhicules insonorisés, plutôt que dans toutes les rues de l’agglomération.
Enfin, pour une agglomération accueillant plus de 50 000 étudiants, nous tenons à rappeler que la vie nocturne fait partie intégrante de la vie en ville. Il n’est pas encore possible de disposer de la proximité des commerces et des services qu’offre le tissu urbain tout en souhaitant l’air frais de la montagne et le calme de la campagne…
Toutes les personnes ayant fait le choix d’élire leur domicile en centre-ville connaissent ces possibles désagréments et font le choix de vivre avec. »
(*) Deux grandes réunions publiques sur le PLU sont encore programmées : – Ce mardi 3 juillet à 19 h au centre culturel le PréO à Oberhausbergen, 5 rue du Général-de-Gaulle – Mercredi 4 juillet à 19 h au Point d’Eau à Ostwald, 17 allée René-Cassin.
(**) Damien Senger, co-président de TC-Alsace, riverain de la Place des Tripiers ; Kevin Benoit, co-président de TC-Alsace ; Lionel Heiwy, chargé de mission Urbanisme.
Auteurs : Damien Senger, Kevin Benoit, Lionel Heiwy
http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2012/07/03/oui-a-des-poles-de-vie-nocturne